Hivernal Ecrit par Diamonds
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Yo ! Suite à un petit « playthrough », « let’s play » ou « appeler ça comme vous le voulez » d’Hivernal (jeu et vidéos que vous pouvez retrouver sur le site d’ailleurs, ne vous gênez pas pour y jeter un œil si ça vous intéresse), je vous propose aujourd’hui quelques retours sur le ressenti que j’en ai eu… A froid (oui, ça commence).
Histoire de se resituer tranquillement, commençons par préciser comment Hivernal est né. Un beau matin, le dénommé Shadow Gate s’est rendu compte qu’avait lieu sur le site E-Magination un concours de création de jeu vidéo autours du thème des quatre saisons. Ne disposant plus que d’une semaine pour réaliser son œuvre, il décida de réaliser un jeu d’aventure d’environ une heure de durée de vie, centré sur la saison hivernale. Précisons que le brave auteur a remporté le concours, lors de ce début d’année 2008.
Il était une fois…
Hivernal nous conte l’histoire d’Ulrik, un adolescent vivant dans un petit village forestier et qui aurait très bien pu couler des jours heureux et tranquilles. Sauf que non, les événements semblent s’acharner à perturber sa vie et son entourage : suite à la mort de son père, Ulrik assiste, impuissant, à la tombée d’une suite sans fin de flocons. Le village, prisonnier d’un hiver permanent, perd en santé et en joie de vivre ; enfants et adultes se retrouvent confrontés à un mode de vie qui leur échappe et doivent tenter de s’y adapter, avec plus ou moins de succès. Alors que la morsure du froid emporte les leurs, les villageois se mettent à faire le rapprochement entre la mort du père d’Ulrik et l’hiver infernal. S’ensuit une rancœur sans bornes envers le jeune garçon et sa mère, emportée petit à petit par la maladie.
C’est dans ce contexte relativement éloigné de celui, par exemple, d’un Tropico, qu’on se retrouve, petit joueur insouciant. Quelques minutes après le lancement de la partie, tout le synopsis ci-dessus est assimilé et on comprend rapidement la mission qui nous est attribuée : sauver la mère d’Ulrik, seule personne possédant un quota sympathie non nul à l’égard de l’adolescent. Un objectif simple, auquel s’ajoutent implicitement ceux de découvrir les raisons de l’hiver sans fin et de savoir si oui ou non les habitants du village croient en la vérité : le père d’Ulrik serait-il un démon, ayant provoqué par ou lors de sa mort une si terrible sentence ?
Action et théâtre classique
En termes d’interactions, Hivernal est simple et basique. Tout le principe des quelques challenges de navigation (traverser des bois enneigés sans succomber au froid, suivre la piste d’une plateforme pour emprunter un pont invisible au dessus du vide…) et de réflexion (faire le lien entre un indice numérique et le fonctionnement d’une meule, manipuler un villageois pour arriver à ses fins…) est d’impliquer physiquement et mentalement le joueur dans le suivi du cœur du titre : son intrigue. Aussi ne vais-je pas m’étendre plus que cela sur le gameplay d’Hivernal, mais davantage sur ses thèmes et son traitement narratif.
La première chose qui m’a frappé et plu est l’aspect théâtral que Shadow Gate a insufflé dans son récit. Je ne parle pas ici de jeunes femmes déblatérant amour et désespoir dans différentes poses baroques, mais du maintien constant d’une intrigue « cœur », indélogeable, au sein d’un lieu que l’on apprend à connaître et ce pendant un temps fictif limité. Que ce soit au début ou à la fin du jeu, la mission reste toujours la même : sauver la mère d’Ulrik, cantonnée dans son village. Toute l’action se déroule dans ladite bourgade et ses environs, menée par des personnages que le joueur, passant d’intrus à habitué, reconnaît et appréhende.
Et c’est là qu’Hivernal frappe fort. On ne perd pas de vue notre objectif, tout en découvrant les semblants d’âmes cachés derrière les personnages que forment les quelques pixels qui les composent. Le dénommé Mindorès apparaît comme un insensible imbécile là où les enfants sont enclins à aller au-delà des croyances de leurs parents et de la pression sociale qu’elles engendrent. Si ce résultat, assimilable à de l’immersion, est réussi c’est qu’il est aidé par son traitement : une délimitation géographique amenant l’action à se dérouler dans un simili-huit-clos, ou chaque événement se retrouve amplifié, chaque discours lourd de sens. C’est peut-être d’ailleurs parce que les dires des uns et des autres se font si compréhensibles que certaines petites anecdotes, issues d’interactions avec l’environnement, se retrouvent pataudes en mon sens ; lorsqu’Ulrik se retrouve face, par exemple, à une jarre de vin il se met à ressasser les rapports entre la boisson et son père déchu. Si cette attitude est cohérente avec le contexte, elle est traitée d’une manière qui rajoute une couche superficielle de dramatisme sur une aventure qui en est déjà pleine.
Avec son objectif on ne peut plus clair (sauver la mère d’Ulrik), Hivernal délivre immédiatement son premier thème phare : la famille. A cette notion s’ajoute celles de la foi et du fatalisme.
La famille, au-delà des liens de parenté, est ici l’idée d’avoir un entourage de soutien, fonctionnant de manière à faire sens pour ses membres. On assimile un clan ou une meute à une telle famille. Dans Hivernal, on retrouve la famille au cœur de l’intrigue, dans son cadre le plus restreint (la mère mourante à sauver, le père défunt au cœur des croyances de chacun) comme sur d’autres plans (le village, semblable à un clan qui fait bloc contre Ulrik et sa famille). Associés à cette notion, les autres thèmes gagnent en force et en logique. Oui, les villageois en veulent de manière peut-être infondée à notre protagoniste, mais leurs actes, parfois abominables, ne sont-ils pas juste une réaction désespérée pour échapper à un fatalisme si séduisant ? Oui, lier le père d’Ulrik à une figure de démon suite à une proximité temporelle entre deux événements prête à sourire, mais ne peut-on y voir un moyen d’essayer d’amener l’incompréhensible vers un terrain plus charitable, une logique qui fait sens pour cette culture forestière ? Car si l’on voit la logique comme une habitude dans le raisonnement, une quête d’accroches et de systématismes pour qu’un fil de pensée commun à une civilisation puisse se faire, elle est directement liée à la foi, porte ouverte vers toutes les croyances et étendard de bien des actions.
Au-delà du mur
C’est une étape de l’aventure d’Hivernal qui m’a fait me poser des questions sur la foi et la logique. Celles qu’offrent ce jeu, d’une part, mais aussi celles auxquelles je réponds en tant que joueur. Vient un moment dans le jeu où Ulrik découvre qu’un objet de légende, l’élixir de jouvence, pourrait être en mesure de sauver sa mère. L’objet ayant une chance de se trouver à portée du jeune homme, ce dernier décide de tenter le tout pour le tout et d’aller le chercher. Si la proximité fortuite de cet incroyable élixir m’a fait sourire, je n’ai pas hésité un seul instant pour aller chercher la potion ; c’était mon nouvel objectif, et j’étais prêt à croire dur comme fer que oui, ce plan fonctionnerait. Que l’élixir existe ou non dans cet univers, je vous laisse le découvrir par vos propres moyens. Là où cela devient intéressant, c’est que je me dis aujourd’hui que courir derrière cet élixir est aussi invraisemblable, aussi poussé par un désir anti-fataliste, que de dénoncer un habitant du village comme étant un démon et d’agir en conséquence. Bien sûr, Hivernal nous montre à force de dialogues et d’actions qu’Ulrik doit progresser et, joueur curieux et soucieux de voir le fin bout de l’aventure, nous l’aidons. Le raisonnement pourrait s’arrêter là et, d’ailleurs, les jeux à histoire sont parfaits pour limiter toute pensée à ce propos ; quoi de mieux que de se laisser bercer par une progression mise en scène, interagissant ici et là, juste suffisamment pour se sentir légèrement acteur ? Mais voilà, Shadow Gate m’a tenté, à coups de pixels animés, à m’interroger sur mes propres convictions alors que je parcourais encore son monde enneigé.
De la même manière que chaque famille, les joueurs répondent à une logique, une foi envers des codes et une vision du bon et du mauvais. Si cette vision est, fort heureusement, nuancée elle n’en reste pas moins utilisable pour vous, créateurs. Aussi, n’hésitez pas à vous interroger sur ce que peut être amené à penser le pauvre bougre derrière son écran ; la conscience de l’autre est le premier pas vers une foi commune.
Si vous êtes arrivés à ces lignes, je pense qu’il est de mise de vous remercier d’avoir lu cet article. J’espère qu’il vous a plu et profite de l’occasion pour préciser que je ne vise pas à segmenter un jeu pour vous en délivrer une image complète, mais à simplement partager ce qui a pu me frapper et me faire méditer dans l’œuvre (enfin, des points parmi tant d’autres. On aurait pu parler des dieux tellement humains ou de la place de l’hiver). Si vous souhaitez des précisions plus formelles, la discussion reste ouverte.
| Télécharger le jeu
N2MESIS -
posté le 30/07/2013 à 11:36:32 (659 messages postés)
| Old Maker 2k3 | Joli test Diamonds, je garde de très bons souvenirs d'Hivernal !
Continue les "let’s play" je kiff ! Mais sur des jeux moins vieux aussi.
Juste une question : Comment faite vous ?
J'utilise Fraps... je n'est que le sons de l'enregistrement...
a+
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Si le virus ne vous tue pas, quelque chose d'autre s'en chargera ! |
Diamonds -
posté le 30/07/2013 à 12:43:05 (2420 messages postés)
| | Fraps dispose d'une option pour enregistrer les sons de ton ordinateur et des sons externes.
Mais vu que mon ordi ne supporte pas ça (trop vieux, mort, etc.), j'enregistre le micro avec audacity en parallèle à fraps.
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Games and Headphones // Portfolio |
N2MESIS -
posté le 30/07/2013 à 12:55:33 (659 messages postés)
| Old Maker 2k3 | Ce que je veut dire, c'est que je n'est pas l'image du jeu quand j'enregistre rm2003, rmxp, mais vx et vxAce ça marche..
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Si le virus ne vous tue pas, quelque chose d'autre s'en chargera ! |
Diamonds -
posté le 30/07/2013 à 13:57:16 (2420 messages postés)
| | Coche l'Aero ptêtre. Mis à part ça, j'vois pas pourquoi ça ne fonctionne pas, vu que ça se cale sur toutes les applications en DirectX.
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Games and Headphones // Portfolio |
N2MESIS -
posté le 30/07/2013 à 14:03:28 (659 messages postés)
| Old Maker 2k3 | Ok merci Diamonds ça marche !
Bonne continuation.
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Si le virus ne vous tue pas, quelque chose d'autre s'en chargera ! | |